Quand un chacal s’approchait du troupeau, le jeune lion
s’enfuyait, épouvanté, imitant en cela les moutons.
Un jour, un lion adulte surgit en haut d’un rocher dominant
la plaine. Tous les moutons s’enfuirent, et le lionceau avec eux.
Le lion poursuivit le troupeau et saisit le lionceau par la
peau du cou. Il l’emporta. Le petit lion frissonnait de peur et se voyait déjà
croqué.
Ils arrivèrent au bord d’un fleuve. Le lion déposa le
lionceau sur la berge et le poussa jusqu’au bord de l’eau. Puis il s’assit à
côté de lui et pencha sa tête sur l’eau du fleuve.
Le lion et le lionceau se reflétaient ainsi côte à côte. Le
lionceau vit qu’il ressemblait au lion. Il se rassura.
Les deux animaux se désaltérèrent, puis ils s’éloignèrent
ensemble.
Conte tiré du Cercle
des menteurs, contes philosophiques du monde entier de Jean-Claude CARRIERE
(Plon, 1998)