C'est celle d'un roi qui avait un écuyer très âgé. Cet
écuyer, qui a toujours su lui choisir les meilleurs chevaux, lui dit un jour :
« Seigneur, je veux arrêter mon travail. Je suis trop vieux
et plus capable de m'occuper de vos chevaux.
« - Connais-tu quelqu'un qui pourrait te remplacer ? lui
répond le roi.
« - Seigneur, j'ai entendu parler d'un jeune écuyer
remarquable mais je ne le connais pas. Peut-être pourrait-on lui demander de
vous choisir un cheval pour voir s'il est digne de vous servir ?
« Le roi accepte et charge le jeune écuyer de lui trouver
une nouvelle monture. Trois mois plus tard, le jeune écuyer se présente à la
cour du roi :
« - Seigneur, j'ai trouvé un cheval merveilleux. Il est
calme, racé, léger et fend l'air sans aucun bruit. Le jeune écuyer indique
l'endroit où le trouver puis hésite avant d'ajouter : Il est bai, je crois.
« - Que l'on m'amène ce cheval ! dit le roi.
« Ses serviteurs partent et reviennent deux jours plus tard,
bredouilles :
« - Seigneur, nous n'avons pas trouvé le cheval bai. Il y en
avait un mais il était noir.
« Le roi se tourne vers le vieil écuyer :
« - Tu te moques de moi. Comment ton jeune écuyer
pourrait-il travailler auprès de moi ? Il ne peut même pas se rappeler la
couleur d'un cheval !
« Le vieil écuyer réfléchit alors quelques instants et dit
au roi :
« - Maintenant, je suis sûr que ce jeune écuyer est meilleur
que moi. Il voit l'essentiel et ignore l'accessoire. »
Conte tiré de La rivière et son secret, Zhu Xiao-Mei (Paris, Robert Laffont, 2007, 2013, Documento).
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