On le conduisit d’abord en enfer. Il y vit des tables
couvertes de nourritures délicieuses, mais les convives paraissaient affamés et
furieux. Assis à deux mètres des tables, ils devaient utiliser de très longues
baguettes et ne parvenaient à faire pénétrer aucune nourriture dans leurs
bouches. D’où leur souffrance et leur colère.
Ensuite on transporta le vieil homme au paradis et il y vit
exactement le même spectacle.
– Oui, raconta-t-il à son retour. Les mêmes tables, la même
nourriture, les mêmes baguettes. Mais tous les convives semblaient heureux et
rassasiés.
– Pourquoi ? lui demanda quelqu’un.
– Parce qu’ils se nourrissaient les uns les autres.
Jean-Claude CARRIERE, Le
cercle des menteurs, contes philosophiques du monde entier (Paris, Plon,
1998)
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